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L’Espagne reste une plaque tournante du trafic illégal d’oiseaux.

L’Espagne, référence internationale contre la chasse illégale aux oiseaux

L’Espagne demeure une plaque tournante du trafic illégal d’oiseaux de proie vers le Moyen-Orient et de l’entrée d’oiseaux exotiques en Europe en provenance d’Amérique latine.

Redacción lundi, mai 19, 2025 / 09:14

L’Espagne est devenue une référence internationale dans la lutte contre  la chasse illégale aux oiseauxayant  réduit l’abattage illégal de certaines espèces de plus de 50 % au cours de la dernière décennie.

C’est la conclusion du rapport « The Killing 3.0 », préparé par l’organisation environnementale BirdLife International et publié ce jeudi. Ce document évalue les progrès de 46 pays par rapport au Plan stratégique de Rome (2020-2030), adopté dans le cadre de la Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS/PNUE), qui vise à réduire  de 50 % la chasse, la capture et le commerce illégaux d’oiseaux d’ici la fin de la décennie.

Sur la base des données du rapport de 2016 (« The Killing 2 »), qui estimait la mort d’environ 26 millions d’oiseaux chaque année en raison de pratiques illégales, la nouvelle étude indique que 83 % des pays ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre cet objectif de réduction ; 19 % ont vu leur nombre s’aggraver depuis 2020, notamment en Égypte, en Syrie, à Chypre et en Libye; et seulement huit pays (17 %) affichent des progrès significatifs.

La chasse illégale aux oiseaux, motivée à l’échelle mondiale principalement par des gains commerciaux, des pratiques « traditionnelles » non durables (comme le parany ou la capture d’oiseaux chanteurs pour la mise en cage), leur utilisation comme animaux de compagnie ou le contrôle des prédateurs, est la deuxième cause principale du déclin des oiseaux migrateurs après la perte d’habitat.

Des espèces menacées comme la tourterelle des bois et le vautour percnoptère, ou d’autres comme le chardonneret élégant ou la caille, font partie de celles qui sont confrontées à de graves menaces dues aux tirs, aux empoisonnements ou au piégeage illégal.

L’ESPAGNE, MODÈLE DE RÉUSSITE

Le rapport note que l’Espagne est l’un des rares pays à avoir réalisé des progrès notables, soulignant l’interdiction définitive en 2018 de la chasse aux pinsons pour les cages et les concours de chant, ce qui a réduit les captures illégales de centaines de milliers par an.

Grâce aux mesures mises en œuvre pour lutter contre l’empoisonnement de la faune sauvage, une réduction continue des épisodes de mortalité liés à cette méthode massive et non sélective a été enregistrée en Espagne depuis 2010.

En outre, des projets innovants ont été lancés qui ont contribué à l’adoption de mesures contre la chasse et la capture illégales d’oiseaux, tels que LIFE Veneno et LIFE Guardianes de la Naturaleza, qui ont renforcé la collaboration entre les ONG, les forces de l’ordre et les administrations publiques, et ont réduit la chasse illégale d’animaux sauvages de 50 à 74 % depuis 2020.

La création et la formation d’unités environnementales spécialisées au sein des différentes forces de police (Seprona, agents forestiers et environnementaux, police régionale, etc.) et du Bureau du Procureur général de l’État, ainsi que le travail de détection et d’enquête médico-légale des Centres de récupération de la faune sauvage, ont permis d’améliorer la détection, les enquêtes et les poursuites des délits contre la faune sauvage.

DÉFIS

L’Espagne reste toutefois confrontée à des défis qui compromettent les résultats obtenus. Les tentatives de rétablissement et de légalisation de certaines pratiques de chasse illégales interdites, comme le parany (chasse à la colle) à Valence ou la capture de pinsons associés au sylvestre, pourraient ramener le pays à la situation de 2016, où des taux élevés de mortalité illégale ont été enregistrés.

En outre, le niveau d’implication des communautés autonomes est incohérent et des déficits ont été détectés dans l’allocation de ressources pour la formation et la spécialisation des services chargés de lutter contre les violations environnementales ou des centres de récupération de la faune sauvage, éléments essentiels pour obtenir des preuves dans les procédures judiciaires ouvertes dans les cas de crimes ou de violations contre la faune sauvage.

En outre, certaines formes de chasse, de capture et de commerce illégal d’oiseaux, comme la destruction des nids d’espèces migratrices, nécessitent une sensibilisation et un engagement importants de la part des acteurs publics et privés pour assurer la conservation des espèces connaissant des pertes de population importantes (plus de 50 % dans certains cas), comme les hirondelles, les hirondelles de fenêtre et les martinets.

De même, la chasse d’espèces en déclin comme la tourterelle des bois et la caille entraîne la perte annuelle de milliers d’oiseaux qui devraient être classés comme espèces en voie de disparition, selon BirdLife.

Par ailleurs, l’Espagne demeure une plaque tournante du trafic illégal d’oiseaux de proie vers le Moyen-Orient et de l’entrée en Europe d’ oiseaux exotiques d’Amérique latine. À cela s’ajoute le commerce en ligne, qui fait d’Internet un point noir pour de nombreuses espèces.

« L’Espagne démontre qu’avec une volonté politique, un cadre réglementaire efficace et la coopération entre les différents acteurs, le changement est possible. Mais il est urgent d’harmoniser et d’accroître les ressources dans toutes les régions espagnoles et d’éradiquer les pratiques illégales encore protégées par la tradition ou une interprétation erronée de la réglementation », selon David de la Bodega, co-auteur de l’étude et technicien au sein du département de gouvernance environnementale de SEO/BirdLife.

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